L’Entretien professionnel change : 4 nouveautés que vous devez connaître
L’entretien professionnel est un rituel bien connu dans la vie des entreprises françaises, un rendez-vous périodique entre le salarié et son employeur. Cependant, ce rituel est sur le point de connaître des changements significatifs. Une nouvelle loi vient en effet modifier plusieurs de ses règles fondamentales, de sa fréquence à son contenu. Cet article distille pour vous les quatre nouveautés majeures que salariés et employeurs doivent impérativement comprendre pour s’y préparer.
Le changement le plus marquant : Un entretien tous les 4 ans, et non plus tous les 2 ans
La modification la plus visible concerne la fréquence de l’entretien. Jusqu’à présent organisé tous les deux ans, il se tiendra désormais tous les quatre ans. Le premier entretien doit avoir lieu dans l’année qui suit l’embauche du salarié. Avec ce changement, le nom évolue également pour devenir l’« entretien de parcours professionnel ».
Il est crucial de comprendre que, comme son prédécesseur, l’entretien de parcours professionnel ne porte pas sur l’évaluation du travail du salarié. En effet, lors de ce temps d’échange, employeur et salarié discutent :
• des compétences du salarié et des qualifications mobilisées dans son emploi actuel ainsi que de leur évolution possible au regard des transformations de l’entreprise ;
• de l’activation de son compte personnel de formation (CPF), des abondements versés sur ce compte par l’employeur et du conseil en évolution professionnelle (CEP). Afin de préparer cet entretien dans les entreprises de moins de 300 salariés, une nouvelle aide est prévue : le salarié peut bénéficier d’un conseil en évolution professionnelle et l’employeur, d’un conseil de proximité assuré par son opérateur de compétences.
Cet allongement de la périodicité rend chaque rendez-vous encore plus déterminant. Cette perspective à plus long terme exige une plus grande diligence des deux parties : pour le salarié, il s’agit de prendre davantage en main son parcours entre les échéances ; pour l’employeur, cela impose de mener une discussion plus stratégique et prospective, l’opportunité étant plus rare. Notez que des accords collectifs d’entreprise ou de branche peuvent toujours prévoir une fréquence plus courte.
L’état des lieux récapitulatif : Le rendez-vous passe à 8 ans
L’entretien bilan, connu sous le nom d’« état des lieux récapitulatif du parcours professionnel », qui se tenait auparavant tous les six ans, est également repoussé. Il devra maintenant être organisé tous les huit ans, en se basant sur l’ancienneté du salarié dans l’entreprise.
Cet entretien vise à s’assurer que le salarié a bénéficié, au cours des 8 dernières années, des entretiens périodiques ET qu’il a également :
• suivi au moins une action de formation ;
• acquis des éléments de certification, que ce soit par la formation ou via une validation des acquis de son expérience (VAE) ;
• bénéficié d’une progression salariale ou professionnelle.
La sanction de 3 000 € : Une règle qui ne change pas
Malgré les changements de périodicité, le mécanisme de sanction financière en cas de non-respect des obligations par l’employeur est maintenu. Cette mesure reste un puissant levier pour garantir l’effectivité du dispositif.
Dans les entreprises de 50 salariés et plus, la sanction s’applique lorsque deux conditions sont cumulativement remplies sur la période de 8 ans : le salarié n’a bénéficié ni des entretiens périodiques prévus, ni d’au moins une action de formation non obligatoire. Dans ce cas, l’employeur est tenu d’abonder son Compte Personnel de Formation (CPF) d’un montant de 3 000 €.
Il s’agit donc d’un mécanisme de protection puissant pour le salarié et d’un rappel de la rigueur attendue de l’employeur dans le suivi de carrière de ses équipes.
Une exception pratique : L’entretien au retour d’une absence prolongée
La règle imposant de proposer un entretien au retour d’une absence de longue durée (congé maternité, congé parental, arrêt maladie de longue durée, etc.) est toujours en vigueur.
Cependant, une nouvelle exception a été introduite pour plus de flexibilité : cet entretien n’est plus obligatoire si le salarié a déjà bénéficié d’un entretien de parcours professionnel dans les 12 mois précédant sa reprise d’activité. Il s’agit d’un ajustement pratique visant à éviter les redondances administratives lorsque le suivi a été réalisé récemment.
Conclusion : Préparez-vous pour le changement
Ces nouvelles règles modifient en profondeur le rythme du dialogue sur l’évolution professionnelle. Avec un cycle principal allongé à quatre ans et un bilan majeur tous les huit ans, le suivi de carrière s’inscrit dans une perspective de plus long terme. Les entreprises et les branches professionnelles devront renégocier leurs accords pour se conformer à ce nouveau cadre, qui s’appliquera aux accords sur la périodicité à compter du 1er octobre 2026.
Ces échéances allongées placent une nouvelle responsabilité sur les épaules des salariés et des managers. Au-delà du calendrier, comment allez-vous transformer ce rendez-vous quadriennal en un véritable levier de carrière plutôt qu’une simple formalité administrative ?
